— Qu’est-ce qu’on se fait chier… soupira Māo, la divinité des chats.
   — Putain, oui, grogna l’Empereur des dieux Qǐyuán qui caressait distraitement la fourrure de son amant bien calé sur ses genoux.
      Le félin ronronna.
    — Jour après jour, tuer, manger, dormir. Rien ne se produit, rien ne change, ronchonna-t-il, avant de s’intéresser au regard lointain de l’Empereur qui jouait maintenant à entortiller sa longue barbe lisse autour de son index. À quoi tu penses ?
   Un sourire jusqu’aux oreilles, il lui répondit, l’œil brillant.
   — Qu’il est temps de passer à l’étape suivante. Vois-tu, j’ai créé l’espèce humaine avec une petite idée derrière la tête, parce que je me doutais qu’on allait finir par s’ennuyer. On l’a bien constaté avec les dinosaures…
    Le chat soupira, coupant l’Empereur dans son élan.
    — Parfois, je regrette qu’on les ait tous éradiqués. Je suis sûre que leur cohabitation avec les humains se serait montrée divertissante.
    L’Empereur s’esclaffa. Ravi, Māo frotta son crâne contre le menton de son compagnon.
   — On aurait dû tester, concéda Qǐyuán. Mais qui sait ? Nous ne sommes pas à l’abri de tenter l’expérience dans le futur.
     Le chat lui sourit, intéressé par cette perspective.
     — Au fait, tu disais ?
    — Je disais qu’on avait fini par s’ennuyer avec les dinosaures, et je me doutais qu’il en serait de même avec nos nouvelles créations. C’est dans cette optique que j’ai donné les outils lithiques et le feu aux humains.
   — Je dois bien avouer que les bipèdes nous ont plus intrigués que toutes les espèces précédentes. Mais où veux-tu en venir ?
    — Nous allons mettre fin à l’humanité, lâcha l’Empereur avec un rictus malicieux.
    — Nooooooon, tu déconnes ? jubila la divinité féline. Comment ?
   — Je vais proposer à nos camarades un petit jeu. Une course, pour être exact.