Orient-Extrême
Résumé Anthologie
L’Orient, dans tout ce qu’il a d’extrême, réel ou supposé, l’Orient fantasmé, imaginé, revisité, à tort ou à raison, peut, certes, soulever des passions, des débats, des controverses, voire des incompréhensions. […]
Orient-extrême vous entraînera dans des aventures violentes et sombres, poétiques et humaines, avec, parfois, ce petit clin d’oeil, que nous affectionnons particulièrement, au monde que nous connaissons. Prêts pour un voyage aux confins de l’imaginaire ?
Résumé de ma nouvelle
Je serai le plus beau pour aller chanter
Science-fiction à Séoul auprès d’Idoles de K-pop*
Min-Woo et Tae-Hee ont toujours rêvé de devenir des stars internationales de K-pop. Mais bien jeunes lors de leur enrôlement, ils n’avaient pas prévu les sacrifices que cette industrie leur infligerait.
Inspirée de faits réels, cette nouvelle dévoile les dessous encore trop méconnus de la K-pop, qui gagne chaque jour un peu plus le cœur du monde entier.
*K-pop : genre musical de Corée du Sud
Infos
- Genre de Je serai le plus beau… :
Science-fiction d’anticipation, survie dans un monde de paillettes mortelles - #K-Pop #Idoles #BallanceTonIndustrie #InspiréDeFaitsRéelsBienPasSympatiquesDuTout…
- 254 pages
Je serai le plus beau… : 17 pages - 3 juillet 2021
- Format papier contenant de superbes illustrations exclusives !
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Si, si ! Vous ne rêvez pas !
Avis
L’anthologie a pour titre « Orient-extrême » […]. Et ça commence de manière forte avec « Je serai le plus beau pour aller chanter » d’Eloïse Chanie (lauréate de l’appel à texte) qui nous emmène, dans les années 2050, dans les pas d’un célèbre groupe de K-Pop, Dark Moon. On y suit notamment deux des membres du groupe (dont la composition varie et est gérée par un manager qui sélectionne les membres les plus populaires, sans états d’âmes pour ceux qui se font évincer), Min-Woo et Tae-Hee dans cette jungle médiatique où tout est permis, même le plus extrême. Chirurgie sans garde-fou, contrat cédant toute vie privée, le monde du spectacle décrit par l’autrice fait froid dans le dos. Jusqu’à la chute du récit, qui parachève le dégoût provoqué par cette société du spectacle qui a perdu toute notion d’éthique et de conscience. Un excellent texte pour débuter. […]
Je trouve tout de même, à titre personnel, que le texte d’Eloïse Chanie, en ouverture, brille un peu plus que les autres […]
Arnaud Lorhkan, blogueur culturel du site lorhkan.com
K. Sangil, autrice
Début de Je serai le plus beau pour aller chanter
Le chauffeur privé de Dark Moon vint me chercher au pied de l’immeuble qu’occupait ma sponsor la plus fidèle. Depuis le rétroviseur, il vérifia si j’étais bien installé, connecta son processeur neuronal au système routier, et démarra. Il ne me demanda pas où je souhaitais me rendre. Après tout, on ne me laissait jamais le choix.
Je m’enfonçai dans le siège moelleux de la voiture, exténué. D’après les données que j’affichai sur ma rétine, il était près de huit heures. 7 mai 2052. 7 mai, déjà. Mes dix-neuf ans arrivaient à grands pas. Par ma simple volonté, l’interface disparut. Je soupirai, puis me perdis dans la contemplation de la mer de gens qui grouillait dans les rues de Séoul. Ma vie sociale demeurait si proche du néant que je ne ratais aucune occasion d’en apprendre un peu plus sur le monde extérieur.
D’après mes lectures, l’industrie du divertissement avait, au début du siècle, ouvert la marche à la chirurgie pour tous. Nombre de domaines professionnels avaient suivi, quitte à pousser leurs employés à s’endetter, arguant qu’ils devaient représenter leur marque, d’un point de vue esthétique comme fonctionnel. Je constatai encore une fois cette fascinante évolution humaine, lorsqu’une femme dotée de quatre bras, sûrement boxeuse professionnelle, traversa au passage piéton.
— Nous sommes arrivés, Monsieur Kim.
— Je vous remercie. À bientôt, le saluai-je en prenant garde que la microcaméra flottante, qui me suivait en permanence, ne se cogne pas dans la portière.
Je me présentai devant la propriété de Dark Moon, mon groupe de K-pop. Le portail automatique s’ouvrit sur mon passage. Je m’enfonçai dans l’allée fleurie qui traversait notre somptueux jardin, dont on ne profitait pas, par manque de temps. Comme à chaque fois que je rentrais d’un sponsoring, la lumière inondait le salon du palace. Tae-Hee m’attendait.
— Ça s’est passé comment ? s’enquit-elle en m’accueillant sur le seuil.
Je rangeai ma veste d’hiver dans le placard et posai délicatement une paume sur sa tête.
Clic.
Le bruit familier de la microcaméra nous indiqua qu’une photo venait d’être prise. Il fallait croire que notre relation dévouée plaisait aux chargés de communication du groupe qui nous observaient et géraient nos réseaux sociaux de A à Z. D’ici quelques minutes, le cliché se trouverait sur toutes nos pages et se propagerait bien au-delà comme une traînée de poudre.
— Comme d’hab, lançai-je en retirant mes chaussures. On s’est affichés dans un bar de luxe, je l’ai flattée, puis elle m’a baisé dans une chambre d’hôtel. Elle a voulu qu’on joue au violeur et sa victime, cette fois.
Bien que blasée, la jeune femme sourit.
Même si ce genre de procédé me déplaisait, le sponsoring restait fortement conseillé aux idoles par leur agence. Au moins, mes sponsors étaient très belles. Et nos rendez-vous me permettaient de gagner de l’argent de poche que je mettais religieusement de côté, ainsi que des financements pour le groupe. Tae-Hee honorait elle aussi des rencontres avec notre directeur marketing, monsieur Cheong, et quelques gérants d’entreprises. J’aurais aimé l’en protéger, mais la dernière idole de Dark Moon à avoir refusé s’était fait remplacer trois jours après.
— Au moins, renchéris-je en lui donnant un léger coup de coude, ses lubies entraînent mon jeu d’acteur.
Elle leva les yeux au ciel, avant de poser une main frêle à son front, comme si elle espérait pouvoir retenir sa tête vacillante. Ses jambes se dérobèrent sous elle.